dimanche 16 septembre 2012

Musée "prémédité"

Il y a quelques temps, je vous ai présenté des petits musées croisés par hasard au gré de nos pérégrinations cyclistes. Mais il y en d'autres qui sont le but même de nos sorties. Cet été, nous en avons visité deux. Je commence par le plus récent.

Pour mon anniversaire, Jean-Pierre m'a fait l'immense plaisir-surprise de m'emmener visiter les
Pas de vélo pour cette virée-là, mais une agréable manière de clôturer les vacances :
un week-end à GRANVILLE.
Granville doit son nom à ses premiers occupants après les Vikings : la famille Grant. Guillaume Le Conquérant demanda son aide en 1066 et, en récompense de sa fidélité pendant la conquête de la Grande Bretagne, lui attribua des terres. En 1230, faute de descendant mâle, la famille Grant s’unit avec le seigneur d'Argouges (de Gratot, près de Coutances) qui, lui, n’habita jamais à Granville.

Au XIVème siècle, les Anglais conquièrent la Normandie à l’exception du Mont-Saint-Michel qu’ils tentent pourtant d’investir depuis le port de Genêts. Vers 1410, Genêts n’est plus assez sûr et en 1439, l’anglais Sir Thomas Scalles découvre la Roque de Lihou – le premier nom de Granville – l’achète à Jean d'Argouges et construit une enceinte fortifiée. Il fit également creuser, en plein sein falaise, une tranchée de sept mètres de largeur sur dix-huit mètres de profondeur avec vingt mètres à la base afin que le flux montant du nord rejoigne le Boscq et la mer côté sud. Granville devint alors une île plus grande que le Mont-Saint-Michel.

En 1442, les défenseurs du Mont-Saint-Michel prennent le bastion et chassent les Anglais définitivement. Charles VII, ayant compris l’intérêt stratégique de Granville, décida d'en faire une ville fortifiée et signa en 1445 une charte octroyant armoiries et exemptant d’impôts les habitants.



En 1492, les Juifs chassés d’Espagne, arrivent à Granville. Interdits d’habitation au sein de la cité, ils s’installent dans les faubourgs où ils acquièrent le droit de faire commerce d’orfèvrerie et de prêter de l’argent. C’est notamment grâce à cette activité que l’armement granvillais se développe. 

 Dès 1450, les bateaux de Granville et des environs pêchent à Terre Neuve. Du XVIème siècle au début du XXème siècle, Granville est un important port morutier et arme jusqu’à 110 bateaux pour les bancs de Terre-Neuve, se disputant alors avec Saint Malo le titre de premier port de pêche français. 

Durant notre court séjour à Granville avait lieu le Festival des Voiles de Travail. 
Ainsi nous avons pu admirer  le dernier représentant de la flotte de pêche qui fit la célébrité de Fécamp :
LE MARITE
Mis sur cale en 1923 par les chantiers navals de Fécamp et baptisé le 24 juin 1924, le Marité a débuté sa vie à la morue, comme ses contemporains, sur les bancs de Terre-Neuve et d’Islande. Le trois-mâts quitte le port le 11 mars 1924 et les marins ne retrouveront leur famille que le 28 octobre, soit près de 8 mois de campagne pour ramener une centaine de tonnes de poisson. Le Marité sera vendu en 1929 et exploité sous pavillon britannique au nord de l’Ecosse. Réquisitionné pendant la guerre pour ravitailler la Grande-Bretagne, il reçoit ensuite un moteur et retrouve la pêche, avant d’être abandonné au fond d’un port des îles Féroé, en 1973. 

Promis à la destruction, le Marité ne doit son salut qu’à un groupe de jeune suédois caressant le rêve de faire un tour du monde en voilier. Ils se consacreront à sa restauration de 1978 à 1987, année où la goélette retrouve le large pour des séminaires et traversées en mer du Nord et en Baltique. En 1992, pour les festivités des 500 ans de la découverte des Amériques, on la retrouve dans la flotte des vieux gréements qui participent à la Colombus Race. Le voilier traverse l’Atlantique, se rend à New-York et dans une région qu’il avait fréquentée il y a bien longtemps, celle de Saint Pierre et Miquelon. En 1998, ses propriétaires suédois décidaient de s’en séparer. Sous l’impulsion de passionnés, dont Gérard d’Aboville, Jacques Chauveau et un certain nombre d’élus normands, le Marité est finalement racheté en juin 2004 et prend Rouen pour port d’attache. Géré par un Groupement d’Intérêt Public, le navire propose différentes activités auprès du grand public et des entreprises. Pour les croisières, il peut embarquer jusqu’à 22 passagers, dans 6 cabines. (www.meretmarine.com)



Sous Louis XIV, les bateaux ont également le droit de s’armer pour s’adonner à la course. Granville en compte 70 à 80 et donne 15 amiraux à la France dont Pléville Le Pelley, "le corsaire à la jambe de bois".
"Un corsaire est un membre de l'équipage d'un navire civil armé, autorisé par une lettre de marque (également appelée « lettre de commission » ou « lettre de course ») à attaquer en temps de guerre, tout navire battant pavillon d'États ennemis, et particulièrement son trafic marchand, laissant à la flotte de guerre le soin de s'attaquer aux objectifs militaires. Les corsaires ne doivent donc pas être confondus avec les pirates puisqu'ils exercent leur activité selon les lois de la guerre, uniquement en temps de guerre et avec l'autorisation de leur gouvernement. Capturés, ils ont droit au statut de prisonnier de guerre." (Wikipédia)


L'ETOILE DU ROY
Cette frégate de 47 mètres, présente à Granville pour le festival "Voiles de travail" est l'exacte réplique d'une frégate corsaire de 1744. Elle a été construite en 1996 et s'est d’abord illustrée dans de nombreuses séries télévisées anglaises (Hornblower) puis sur les écrans de cinéma (Monsieur N. d’Antoine de Caunes). 

Ce navire 3 mâts de 310 tonneaux avec 240 hommes d’équipage était armé de 20 canons. 


 Sa surface de voilure est de 790 m2. Le tirant d'air (hauteur maximale des mâts au-dessus de la ligne de flottaison) est de 35,60 m.

 Le quartier des maîtres d'équipage brille de milles feux.



La Haute Ville de Granville, cœur historique de la Cité, renferme les hôtels particuliers, résidences principales des riches armateurs granvillais.




Le déclin de la grande pêche s’annonce de manière  concomitante avec l’essor du tourisme et de la station balnéaire : à partir des années 1850, la "saison des bains" attire des estivants toujours plus nombreux. La construction de la ligne de chemin de fer Paris- Granville sous le second Empire, favorise l’afflux de touristes, via "les trains de plaisirs".

Granville se transforme alors, pour trois mois, en un quartier élégant de Paris. L’urbanisation inspirée de l’architecture balnéaire, sous l’impulsion de grands architectes parisiens, donnera sa configuration actuelle à la cité granvillaise :  

les villas telles que la villa les "Rhumbs" auxquelles on accède par un escalier depuis la promenade du bord de plage 

L'hôtel de l'Hermitage en face la plage de Donville les Bains
Le Casino construit en 1911
Le port de plaisance de Granville, construit en 1975, compte 1000 anneaux.

Le port de pêche est classé au 1er rang des ports coquillier de France et arme plus de 70 chalutiers et caseyeurs polyvalents.

Granville, c'est aussi un magnifique marché couvert sur deux étages, où les étals rivalisent de couleurs.
   
 Certains commerçants vendent seulement le fruit de leur récolte.

 Mais revenons au musée Dior


 On peut y accéder par un petit escalier surplombant la mer.




Construite par l'armateur Beust à la fin du XIXè siècle, la villa Les Rhumbs doit son nom au terme de marine désignant les trente-deux divisions de la rose des vents, symbole qui figure dans une mosaïque ornant le sol d'une des entrées de la maison, ainsi que dans la roseraie.
Les parents de Christian Dior acquièrent en 1905 cette maison bourgeoise agrémentée d'un jardin d'hiver, sise au sein d'un parc protecteur. Lorsqu'en 1932, peu après la mort de Madeleine Dior, le père industriel est ruiné par la crise, la propriété est mise en vente. Achetée par la ville de Granville, son jardin sera ouvert au public dès 1938.




En 1997, la villa devient "Musée Christian Dior", unique musée de France entièrement consacré à un couturier.


Dès 1942, Christian Dior signe ses premiers costumes de cinéma pour le film Le lit à colonnes de Roland Tual, dans lequel joue l'actrice Odette Joyeux. Le succès de Christian Dior à partir de 1947  incite les réalisateurs de cinéma à faire appel à son talent. 

Avec sa collection "New Look", Dior dicte les codes de la nouvelle esthétique dominante de l'après-guerre, fondée sur une féminité sensuelle toute en courbes bientôt immortalisée au cinéma par Marilyn Monroe.

Le vêtement Dior, conçu comme une architecture savante et audacieuse de lignes, dessine une silhouette propre à révéler la plastique des stars et à sublimer leur beauté. En retour, elles vont l'adouber et, en seulement quelques années, il sera considéré comme le magicien capable de les magnifier aussi bien à la ville qu'à l'écran. Dans ce jeu de miroirs où se reflètent mode et cinéma, deux univers visuels liés à l'émotion et à la beauté, l'actrice-cliente se métamorphose en mannequin ou en égérie.
C’est à l’initiative de l’actrice Marlène Dietrich que le nom de Christian Dior sera associé à l’un des plus grands cinéastes du vingtième siècle : Alfred Hitchcock. Choisie par le réalisateur pour le film « Le Grand Alibi », elle est aussi une cliente de la Maison Dior de la première heure (elle assiste au premier défilé le 12 février 1947 !). Déterminée à ce que Christian Dior l’habille pour ce film, elle en fera une condition pour en être l’actrice principale, et aura cette formule devenue légendaire au sein de la Maison Dior : « No Dior, no Dietrich ».

L'exposition "Stars en Dior"est composée d'une sélection d'une cinquantaine de robes qui dialogue avec une vingtaine d'extraits de films, des accessoires, des affiches, des dessins de costumes et de décors, des photos, des documents de tournage et de presse. Un prêt exceptionnel de la Cinémathèque de Berlin permet de faire une large place à l’actrice Marlène Dietrich, habillée par Dior sur les plateaux de cinéma comme à la ville.
Robe bustier de cocktail, portée par Jean Seberg pour la promotion du film  A bout de souffle 
 
Marion Cotillard en 2009
Ce fut donc un week-end où nous nous sommes remplis la tête de souvenirs et les yeux de beauté et d'immensité.









1 commentaire:

  1. Photos magnifiques, promenade magique, quoi de meilleur????
    Des photos rectangulaires qui seraient en proportion avec mon écran pou en changer le fond!!!!
    Merci pour la visite!!

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Merci beaucoup !